Pour Samana c'est ok !

Lassitude profonde, besoin de soleil, envie de bouger après beaucoup trop de temps passé dans la grisaille normande !
Je traque depuis un certain temps les voyages en promotion sur le " Net ! La période ne semble pas particulièrement favorable aux bonnes affaires. Toutefois une proposition de séjour en République Dominicaine nous parvient et le prix nous semble véritablement canon! Après une courte hésitation nous décidons de partir

Il est, environ, 02H45 ce 26 février lorsque nous quittons Paris et notre fille Céline pour rallier l'aéroport de BRUXELLES-ZAVENTEM ou un avion doit normalement nous attendre ? Nous vivons ce que les spécialistes appelle un pré-acheminement touristique.

Le décollage prévu à 8h40 semble quelque peu douteux. Les messages diffusés dans l'aéroport ne sont pas très clairs et même parfois totalement inaudibles. Nous pourrions facilement imaginer que nous participons à un film de Jacques TATI ! Mais ce n'est pas anormal puisque nous voyageons en formule"charter" !

Ambiance de départ légèrement tendue ? Je ne le cache pas, je ne suis pas un inconditionnel du transport aérien et encore moins du charter que je pratique pourtant depuis prés de 40 ans. Cela m'a déjà valu de vivre, quelques épisodes que je n'ai toujours pas oubliés, alors ?

Nous venons de décoller a destination de Puerto Plata et 8h30 de vol nous en sépare encore!
Le générique d'un chef d'œuvre cinématographique s'affiche sur tous les écrans de la cabine mais le cinéphile qui sommeille en moi préfère se laisser glisser dans les bras de Morphée. Ce n'est pas grave, puisque telle une vestale, Yveline veille !
J'ai dormi, mais combien de temps ? Je l'ignore et ma montre affiche une heure inavouable ! Qui m'a réveillé si tôt ? Une annonce du commandant ? Non! Le gamin qui n'en finit pas de pleurer ? Pas davantage ! C'est tout bêtement le chariot, distributeur de rations de survie, qui m'a heurté et mon sommeil s'en est allé ! L'hôtesse bredouille une vague excuse et je lui réponds par un sourire niais ! Je constate ainsi, qu'il ne m'est pas facile de retrouver la bonne position. Et pourtant j'ai le gabarit charter ! C'est encore loin Puerto Plata ? Ma montre me répond oui !

A nouveau, beaucoup d'agitation dans cette carlingue subitement tirée de la pénombre ! C'est sans doute l'évacuation par les issues de secours qui provoque cette effervescence! Mais où est donc passée ma brassière de sauvetage ? Cette fois encore ce n'est que le chariot distributeur de bouffe qui vient de s'immobiliser dans mon secteur ! Je n'ai pas faim mais je mange ma ration en rien de temps ! Sans doute pour me persuader que tout danger est écarté ! J'avale un grand verre d'eau minérale et je tente de sommeiller à nouveau ! A coté de moi Yveline semble toujours aussi vaillante.
Cette fois nous ne devons plus être bien loin de la République Dominicaine! Le commandant de bord, John Machin, vient de rompre le silence pour nous informer qu'il amorce la descente sur Punta Cana, la seule escale avant Puerto Plata, terminus de la ligne ! Ma montre confirme que les heures de vol prévues ont été sérieusement grignotées et les bourdonnements qui affectent mes oreilles prouvent bien que la manœuvre annoncée est bien en cours d'exécution !
Et voilà les gamins qui recommencent à pleurer en cœur, cette fois très, très fort ! Ils doivent réellement souffrir des oreilles les pauvres ! Moi j'ai l'impression désagréable de m'être trompé d'avion et de voyager dans une pouponnière en folie!

Avant l'arrêt complet de l'appareil les coffres à bagages s'ouvrent a grand fracas libérant des cascades de sacs de taille très diverses. Le débarquement fut rapide et désordonné, presque comme si un incendie venait de se déclarer à bord .C'est la même constatation qui s'impose à chaque voyage. Ces touristes occidentaux friands de charters sont-ils aussi exemplaires qu'ils l'affirment !

Dés le premier contact, avec la République Dominicaine, établi à travers le hublot du 767, j'ai subitement ressenti une forte attirance pour ce pays beaucoup plus vert que je ne l'avais imaginé. Les images, fugitives, qui se succèdent pendant que nous rallions Puerto Plata, me rassurent!

Alors, tel des zombis quelque peu fripés nous partons affronter le contrôle de police et récupérer nos bagages. Notre look n'a rien de très conquistador mais ici ils doivent être blasés depuis longtemps !

Dès la sortie de l'aérogare nos bagages prennent place dans la remorque attelée à un petit autocar, dont l'état général, atteste qu'il a déjà un long passé routier. Et c'est bien dans ce tas de ferraille que nous allons devoir parcourir les 210 km qui nous séparent encore de notre hôtel de Samana.
Le ciel est d'un bleu très pur, la température relativement douce, les alizés sont bien au rendez-vous !
Dés le départ de l'aéroport les cocotiers nous font une haie d'honneur !
Ce dernier tronçon routier nous l'avons subi dans cet autocar délabré, dépourvu d'amortisseurs, assis au-dessus des roues arrières et projetés contre la carrosserie à chaque nid de poule. Alors la découverte du paysage, pourtant beau, ne retint pas facilement notre attention!
A l'arrivés à l'hôtel nous étions, complètement déglingués, presque autant que l'autocar!
Au premier abord le Cayacoa de taille relativement modeste pour un hôtel de ce type nous rassure et dés le hall franchi l'impression de débarquer dans une usine à touristes ne s'impose pas à nous ! L'accueil bon enfant atténue grandement nos petits problèmes de communication. Mais comme nous sommes bien fatigués, notre seule préoccupation du moment est de rejoindre, le plus rapidement possible notre chambre! Un magnifique assortiment de fruits exotiques nous y attend!
Un rapide coup d'œil à la terrasse, baignée de soleil et nous découvrons une partie du jardin tropical ainsi qu'une adorable petite crique …

Ce sont des cris et des jurons qui mettent un terme à notre pause.
Je découvre un peu brutalement que notre chambre, est située, juste en face de l'aire des jeux d'intérieur !
Yveline sur mes talons affiche sa surprise, nous bâtons immédiatement en retraite afin de réfléchir un peu. Comme un déménagement immédiat est bien au-dessus de nos forces nous attendrons demain pour prendre une décision ! Nous retraversons prudemment cette zone de turbulence sportive et arrivons au bar situé à l'entrée du restaurant. Nous avons l'intention de nous y arrêter afin de déguster notre premier cocktail dominicain. Mais il y a déjà beaucoup de monde et déjà quelques ambassadeurs de l'Europe teutonne sont légèrement éméchés. Ils ne semblent pas décidés à nous faciliter l'approche du bar. C'est simplement notre persuasion tranquille qui nous permet le contournement de l'obstacle. Nous pouvons alors découvrir ce chef d'œuvre qui porte le jolie nom de "piña colada", qui avec le "BananaMama" et quelques autres, sont consommés ici sans grande modération !
Après ce baptême nous pénétrons dans le restaurant, sorte de grand rectangle assez banal entièrement vitré, relativement hospitalier ou de nombreux ventilateurs brassent, un air assez frais ? Ce soir nous ne sommes que peu nombreux à bénéficier de cette lumière, un peu chiche à mon goût, mais qui masque, peut-être, quelques imperfections !

Pour bénéficier des bienfaits du " all inclusive" il faut être facilement identifiable, alors nous avons été bagués comme les pélicans de la réserve. Mais cela ne nous a pas le moins du monde complexés! Détendus nous descendons, à pied, la route qui mène à la ville. Nous suivons sagement la voie principale et lorsque nous découvrons le marché il est environs 10h30. Il y règne une activité importante.

Dans cette partie de Samana la construction est récente, colorée, mais pas très belle. Des détritus jonchent les trottoirs et si cet habitat semble capable de résister aux éléments il reste assez modeste.

Au dîner les buffets nous paraissent abondants et relativement variés et je découvre une bière blonde légère et agréable ! De son coté Yveline a repéré dans un seau rempli de glace deux bouteilles de vin recouvertes par une serviette. Elle obtient facilement d'un garçon, tout sourire un verre de vin d'origine espagnole. L'étiquette semble l'affirmer mais la dégustation ne le confirme absolument pas !

Pour rallier l'Île de Cayo Levantado il faut parcourir 8 km de route fortement dégradée avant d'atteindre, l'hôtel Grand Baya propriété de la même société. Puis il y a quelques deux cents marches qu'il faut descendre et qu'il faudra hélas aussi remonter ! Marches aussi difficiles qu'incontournables que nous devons pratiquer pour rallier le ponton d'un rustique embarcadère ou nous attend une embarcation d'aspect fragile. La traversée qui suit n'est pas franchement rassurante et pas le moins du monde sécurisée. Heureusement la mer est calme car les brassières sont inaccessibles ! Le débarcadère de l'île se révèle délicat à utiliser. Tania, la jeune infirmière appartenant à notre groupe glissa et l'une de ses jambe se trouva coincée entre le bateau et le quai ce qui nécessita le transport dans une clinique. Heureusement, les dégâts furent limités ! Cet incident révélateur du manque de sécurité n'a pas été pris au sérieux par les responsables locaux !
Un peu plus tard nous nous lançons à la découverte de ce petit paradis! Le charme est rapidement rompu car nous nous heurtons aux tas d'ordures abandonnées dans les endroits les plus inattendus! Nous en concluons que pour le moment c'est encore une Île de rêve mais nous pressentons que le cauchemar n'est plus très loin !
Heureux clients du Cayacoa, paradis du "all inclusive", vous pouvez chaque jour inscrire l'épreuve du Cayo Levantado a votre programme sans débourser un pesos supplémentaire. Toutefois si vous n'êtes plus tout à fait jeune ou si votre forme n'est pas exceptionnelle je vous conseille de renoncer à cet avantage même si les pélicans plongeurs vous ont promis de vous offrir, gracieusement, un formidable spectacle aérien relayé par le ballet charmant de mamelons bondissants, eux aussi en totale liberté dans ce paradis.
Il ne serait en effet pas raisonnable, même pour jouer a fond la carte du " tout compris ", que vous vous imposiez quotidiennement un tel effort! Non, le "all inclusive" n'implique pas obligatoirement un comportement suicidaire même si le rhum peut jouer un rôle non négligeable dans votre aventure dominicaine!

Nous flânons beaucoup en ville et pour échapper, un peu, au soleil qui tape fort, nous visitons les boutiques accueillantes qui s'offrent à nous. Mon épouse veut absolument connaître le prix " vrai " de l'ambre et du larimar !

Rares sont les clients présents à l'hôtel à l'heure du déjeuner, mais ce grand calme est loin de nous déplaire, nous l'apprécions énormément, même si le choix des plats se révèle un peu limité !

Vers la fin de l'après midi, par les ponts de la baie, nous réalisons une très agréable promenade à l'île de Cayo Vigia. Ces îlots, font suite au promontoire d'ou le Cayacoa domine la baie. Comme ces îlots sont inhabités ces ponts ne sont donc d'aucune utilité mais leur construction coûta tout de même des millions de dollars. Depuis ce formidable observatoire nous pouvons suivre le mouvement des bateaux dans la baie. L'eau si claire nous facilite l'observation des ballets gracieux qu'interprètent d'innombrables bancs d'alevins et nous nous intéressons particulièrement aux étoiles de mer qui ont ici des couleurs surprenantes.
Alors même si nous foulons de nos pieds un fantasme coûteux du dictateur Trujillo nous devons avouer, sans la moindre gène, que nous avons beaucoup apprécié cette trace posthume et originale, qu'il a laissé à Samana !

Nous prenons la mer avec le Victoria II, pour une éventuelle rencontre avec les baleines à bosse.
La chance est bien au rendez-vous puisque nous assistons à toutes sortes d'exploits réalisés par ces imposants mammifères marins. Les voir ainsi sauter, plonger, nager près de leur progéniture est pour nous un grand, fort et beau spectacle que nous ne risquons pas d'oublier de sitôt. Nous avons particulièrement apprécié la maîtrise de notre capitaine qui a toujours su placer son bateau au bon endroit sans jamais perturber les évolutions de ces 40 tonnes de la mer. Ici les baleines à bosse sont dans leur milieu naturel, au large de la Baie de Samana, pas très loin du paradisiaque Îlot du Cayo Levantado. Et c'est bien volontiers que nous avons signé la pétition destinée à aider à la préservation des baleines à bosse et autres cétacés !
Cela ne nous empêche pas de constater que les baleines à bosse occupent une place importante dans l'industrie touristique dominicaine ! C'est un fond de commerce qui n'est pas seulement exploité par leurs véritables amis mais, aussi, par des commerçants futés?

Beaucoup de têtes nouvelles ce soir au restaurant. Des familles dominicaines sont venues de la capitale, avec leurs enfants passer le week-end à Samana. La grande salle résonne aux accents d'un orchestre meringue et d'un chanteur local typique. C'est à la fois inattendu et agréable pour nous qui avons ainsi l'occasion de regarder vivre ces autochtones là !

Et c'est le départ pour SANCHEZ important point de rassemblement pour toutes les excursions au Parc de Los Haïtisses. Yveline a pris l'initiative de rassembler un mini groupe et a négocié le prix dans une agence francophone. Elle a obtenu une réduction significative !
De ce parc qui couvre une superficie de 208 km2 nous ne visitons qu'une toute petite partie. C'est une sorte d'Amazonie en taille réduite !
Nous évoluons parmi des îlots impénétrables recouverts de végétation tropicale et tourné autour de l'île aux oiseaux pour admirer les innombrables pélicans, frégates et milans. Nous avons mis le pied à terre pour visiter des grottes, sombres et humides au milieu de massifs envahis par la végétation, grottes qui ont servi de refuge aux indiens Arawaks les premiers habitants du pays. Notre promenade nous a aussi conduit dans un véritable labyrinthe lagunaire envahi par les mangroves où les palétuviers sont rois…
… et dans le bateau rapide qui nous ramène à Sanchez collés à nos siéges et rendus silencieux par le bruit du moteur, bien protégés des embruns par des ponchos d'une rare élégance, comment ne pas faire un pas vers les premiers habitants de ce pays puisque les animaux qui les entouraient, comme les baleines à bosse, les pélicans, les aigrettes sont toujours là ! Ces mêmes animaux que nous viennent de contempler aujourd'hui.

Nous avons décidés de rallier Las Galéras en Motoconcho. Cette expédition doit nous mener au bout de la péninsule et nous vaudra une heure de " grandes secousses " sur une route en mauvais état. Le site est certes exceptionnel mais sale ! La plage de sable blanc est immense et l'atmosphère y est authentique. Ici le tourisme de masse n'a pas encore frappé !

Ce fut pour nous une après-midi riche en sensations!

Autre promenade en pleine nature avec un homme du cru. C'est la découverte du promontoire, qui se trouve derrière l'hôtel, par les petits sentiers. Gros coup de chaleur ! Des splendeurs plein les mirettes ! Nous cueillons quelques beaux pamplemousses, directement dans les arbres. Puis c'est la traditionnelle descente à Samana. C'est le dernier épisode d'une longue traque aux objets authentiques. Ouf !
Petite sieste puis à nouveau, doux farniente, le reste de l'après midi à la crique.

Au dîner nous constatons qu'un groupe important d'étudiants venus de St Domingue a investi l'hôtel qui, du coup, change d'atmosphère. La soirée est animée et la nuit assez courte !
Nous consacrons ce dernier après midi au farniente dans la crique de l'hôtel, la tête bien à l'ombre.

Réveil à 7 h pour un départ annoncé pour 10h30 ! Comme la prévoyante Yveline a déjà pratiquement bouclé nos valises nos préparatifs se déroulent dans un grand calme. Aussitôt le petit déjeuner pris, sans hâte, nous nous lançons dans une dernière promenade. Une sorte d'adieu aux lieux que nous avons le plus appréciés, tels ces deux si tranquilles petits kiosques placés à l'avant de l'hôtel sur l'éperon rocheux face à la baie. Nous y avons passé de biens calmes moments lorsque le sommeil nous était interdit par une animation trop bruyante. Agréables alizés nous vous avons beaucoup appréciés durant ces soirées là !

Notre petit groupe est maintenant rassemblé dans le hall face à la réception et le moment est venu de sacrifier au rite de la photo souvenir ! La sono interne diffuse, en continue, du meringue ce qui incite l'employé de service à esquisser, un pas de danse, derrière son comptoir …

Nous longeons la côte et découvrons, maintenant de très beaux paysages, entrevus, mais fort peu appréciés lors de notre arrivée en raison d'un trop grand inconfort. Aujourd'hui nous sommes frais, reposés et, pourquoi ne pas le dire, disposés à prolonger notre séjour. Mais cela relève du domaine du rêve …

Alors, nous reviendrons peut-être, avant que le grand bétonnage aujourd'hui menaçant ne soit devenu une réalité.
Nous sommes en effet conscients qu'il nous reste encore beaucoup à découvrir dans ce pays ou rien ne nous oblige à bronzer idiot !

Jean Masbou

( 26/02/2001 au 13/02/2001 )